BRONKILIB 2: Entre science et propagande, il faut choisir !
La kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite du nourrisson. (*)
AVERTISSEMENT :
Guy Postiaux, PT (1), Paulo Abreu, MSc (2), Rodrigo Torres Castro , MSc (3), Jordi Vilaro, PhD (4), Bruno Zwaenepoel, MSc (5)
Auteur correspondant : guy.postiaux@gmail.com, www.postiaux.com.
Les traductions sont en cours dans les langues des cosignataires de la présente mise en garde.
Sur le site fb “Le Club cardio-respi » et le site de l’ARB (Association des réseaux bronchiolite français https://www.arbformation.org/ (1), et par diffusion sur plusieurs autres sites internet est parue l’annonce d’une publication en anglais dans une revue « pirate » intitulée :
Ce message s’adresse aux professionnels peu coutumiers de l’analyse scientifique critique ou qui liront trop rapidement cet « article ». En raison de la large diffusion internationale favorisée par les réseaux sociaux de la publication dont il est question ci-dessous, la présente mise en garde est co-signée par des collègues professeurs de kinésithérapie de milieux académiques de France, Belgique, Portugal, Espagne, Chili et pays hispaniques et lusophones qui souhaitent avertir leurs cercles professionnels.
La publication empressée de ce papier, par ailleurs de mauvaise qualité, semble s’inscrire dans le cadre des nouvelles recommandations que prépare la HAS (Haute Autorité de Santé en France) pour les prises en charge médicale et kinésithérapique de la bronchiolite virale aiguë du nourrisson, ce qui inquiète fort les collègues français car les indications de la kinésithérapie seront précisées dans un sens probablement restrictif.
A la suite de cette publication, plusieurs collègues étrangers se dont indignés du procédé. Ce message a également donné lieu à deux critiques sévères de scientifiques, Rodrigo Torres-Castro (MSc), kinésithérapeute chilien et Yann Combret Kinésithérapeute Doctorant (France). Ne cherchez pas cet article sur les bases de données indexées (Pubmed…), elle n’y est pas référencée et pour cause.
Malheureusement ce papier apparaît sur Google et reste indéfiniment sur le web, ce qui justifie notre mise en garde qui sera traduite dans les langues des cosignataires. Ces deux critiques se confortent, en voici des extraits publiés avec leur autorisation à l’adresse des auteurs de cette « étude » et des professionnels:
YANN COMBRET : « La société d'édition "Research Open World" a laquelle appartient la fameuse revue dans laquelle vous vous targuez d'avoir publié cette étude est reconnue comme "prédatrice" sur plusieurs listes chargées de recenser ces nuisibles de la publication scientifique (en voici un exemple https://beallslist.weebly.com/). Vous ne manquerez pas de noter également qu'elle est certes en langue anglaise mais n'est pas indexée dans Pubmed ni dans d'autres bases de données internationales de qualité. Le principe de ce genre de revue est de jouer sur la négligence et/ou la naïveté des auteurs. Il existe un Journal of Clinical Medicine Research dans Pubmed (J Clin Med Res) mais pas de Journal of Clinical Research and Medicine. Ce genre de revue mise sur la méprise et piège allègrement les auteurs. De plus l'IF annoncé sur la page d'accueil de la revue est purement factice et la revue n'est pas indexée dans des bases de documentation sérieuses comme SIGAPS ( Système d'Interrogation, de Gestion et d'Analyse des Publications Scientifiques) par exemple.
De plus, il apparaît impossible que cette revue pratique un reviewing externe comme annoncé. Votre papier a été soumis le 3 juillet et accepté le 17 juillet ce qui signifie qu'il n'y a eu aucune relecture externe et donc aucune modification sur votre papier (...)la base de la publication scientifique est la peer-review externe par des pairs exempts de tout conflit d'intérêt chargés d'améliorer le papier et d'en pointer les éventuelles limites pour assurer l'objectivité de la recherche scientifique. L'absence de reviewing dans cette revue discrédite complètement une quelconque véracité scientifique (…) cette revue vous propose une soumission par simple e-mail alors que toutes les autres auxquelles vous aviez probablement soumis faisaient appel à des plates-formes de soumission externe justement pour éviter ce genre de dérive ? Après quelques recherches il apparaît également que plusieurs des "éditeurs" supposés de cette "revue" n'existent pas.
En bref, l'effort qui a été consenti par les auteurs pour réaliser cette étude est indéniable. Cependant la revue dans laquelle a été publiée ce papier lui fait perdre tout son intérêt. Je me garderai bien d'affirmer comment vous en êtes arrivés à publier dans cette revue alors je me contenterai de poser des questions. N'avez-vous pas été surpris que le papier ne fasse l'objet d'aucun reviewing ? Avez-vous choisi sciemment cette solution après avoir essuyé de nombreux refus dans des revues indexées ? Avez-vous choisi cette solution car les relectures précédentes vous demandaient des modifications que vous ne souhaitiez pas faire apparaître ? Dans tous les cas il est important de bien se figurer que ce genre de papier ne joue absolument pas en faveur de la kinésithérapie. Notre profession demande à grands cris (et à raison) d'être mieux considérée et d'avoir l'opportunité d'accéder à des filières universitaires. Malheureusement si nous relayons en masse ce genre d'erreur cela ne fera que jeter un discrédit encore plus grand sur notre profession qui n'en a pourtant pas besoin... La recherche scientifique doit avoir pour but de poser des questions et de chercher des réponses, pas de prouver que ce que l'on pense soit vrai ou de relayer des formations professionnelles payantes. Cela ne peut que déboucher sur des erreurs de ce type. Le contexte de la kinésithérapie dans la bronchiolite est tellement complexe que ce genre de travail ne saurait en poser une synthèse objective et scientifiquement valable. Peut-être les éventuels médecins ou autres professionnels non habitués à la recherche pourront s'y laisser prendre mais nous ne pourrons pas faire semblant de ne pas savoir si nous voulons parler de ce travail. »