EXCLUSIF: les remplaçants ne se massent pas

Dur, dur, de trouver un remplaçant en tant que kiné durant les grandes les grandes vacances.

Interview : Magalie BEGON - L'Avenir - Edition du 20.07.2010

«Urgent cherche kiné indépendant Rég. Chimay.Pour remplacement juillet-août et/ou engagement dès septembre.» Cette annonce restera probablement lettre morte tant, durantles grandes vacances, les kinésithérapeutes éprouvent des difficultés pour trouver un remplaçant et pouvoir ainsi prendre un repos bien mérité. Le point avec Didier Bertinchamps, président de l’Union des kinésithérapeutes francophones et germanophones de Belgique.

Fin juin, l’Onem a publié sa liste des études qui préparent à une profession en pénurie. La kinésithérapie s’y
retrouve. Cela vous étonne-t-il ?
Non et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la génération du boom des kinésithérapeutes – dont je fais partie ; j’ai 60 ans – arrive à l’âge de la retraite.
Deuxièmement, du temps où Frank Vandenbroucke était ministre des Affaires sociales,les jeunes ont été un peu dégoûtés de s’inscrire dans les écoles de kinésithérapie. Pour le même nombre d’années d’études, ils peuvent avoir accès à des professions beaucoup plus rentables.
Enfin, nos écoles sont remplies d’étudiants français ; on atteint un rapport de 80% contre 20 % pour les étudiants belges. Et une fois diplômés en Belgique, ils repartent dans leur pays.

En cette période de grandes vacances, cela ne doit pas être facile pour un kinésithérapeute de trouver un remplaçant.
C’est l’horreur. On ne trouve personne pour effectuer les remplacements. Notre secrétariat a lancé un appel tous azimuts pour en dénicher. Rien. C’est vraiment effrayant. La situation s’est aggravée cette année. C’est même la panique à la Maison des kinésithérapeutes où le téléphone chauffe. Il y a 10 ans, on nous disait : « Il y a pléthore de kinésithérapeutes ». Maintenant, il n’y a plus personne.
En règle générale, dans le domaine des soins de santé, c’est difficile de prendre congé. Nous devons faire face à deux sortesde patients. Ceux qui ont besoin de soins en urgence. Cela peut être par exemple un bébé qui a une bronchiolite ou une personne qui souffre de détresse respiratoire. Et ceux dont l’état nécessite des soins toute l’année.Une personne âgée par exemple qui éprouve des difficultés à se déplacer. Pour la première catégorie de personnes, c’est impensable de les laisser sans soins. Nous sommes face à un vrai cas de conscience.

Quelle solution mettent alors en place les kinésithérapeutes pour pouvoir partir en congé tout en ne laissant pas leurs patients livrés à euxmêmes?
Certains confrères de la même région s’arrangent entre eux pour ne pas partir en même temps. Lorsque l’un prend ses congés, l’autre s’occupe alors d’une partie de sa clientèle. C’est une solution possible mais ce n’est pas l’idéal non plus. Ceux qui fonctionnent de cette manière ont des journées insupportables.

Faire appel à des kinésithérapeutes français, est-ce envisageable?
Impensable, les Français travaillent en France, où ils sont beaucoup (il insiste sur ce mot – NDLR) mieux honorés. Lors de « l’affaire Vandenbroucke », de nombreux kinés ont quitté définitivement la Belgique pour la France et ils ont trouvé l’Eldorado.

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