L'UKB dénonce "l'enquête" de Test-Achats sur la kinésithérapie


Nous avons pris connaissance de la publication de l’« enquête » réalisée sur 30 kinésithérapeutes par Test-Achats qui met à mal la profession.

En premier lieu, le nombre de 30 ne revêt pas du tout un caractère scientifique. Ensuite, cette « enquête » développe plus le côté tape à l’œil et recherche le sensationnel. Pourtant une des conclusions de cette « pseudo-étude » prône le « Tout » scientifique et paraît fortement orientée. Quel paradoxe !
La méthodologie n’est pas légale et pourrait faire l’objet de poursuite devant les instances du Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ) mais également auprès de l’Institut National de l’Assurance Maladie Invalidité (INAMI). En effet, il semblerait que des faux en écriture ont été demandés à des médecins. Et ensuite de « faux patients » ont été envoyés avec l’intention de déclarer la disparition des symptômes après 3 séances, ce qui peut brouiller  la réaction du kinésithérapeute.
Dans la pratique de terrain, il existe un lien naturel entre les médecins prescripteurs  (souvent les médecins-traitants) et les kinésithérapeutes. Ce lien paraît tout à fait inexistant dans cette étude.

Concernant le « Tout » scientifique, si la médecine générale devait prouver, avec des études indépendantes, son efficacité, elle pourrait s’arrêter de fonctionner demain. En effet, il y a des éléments qui dépassent le cadre scientifique et qui pourtant font partie intégrante de la santé de l’individu. A l’heure où l’on remet à l’honneur le « Cure and Care » (Cf. la politique de la Ministre des Affaires Sociales), la démarche de Test-Achats paraît anachronique. Il est également à noter que les grands enjeux de la santé publique actuelle sont les maladies chroniques et le vieillissement de la population et Test-Achats a préféré s’attarder sur les douleurs de nuque, ce qui témoigne encore une fois de son manque d’expertise.

L’autre association de défense professionnelle de kinésithérapeutes, à grosse majorité néerlandophone, a développé un organisme appelé  Promotion Qualité en Kinésithérapie (ProQkine). Cet organe et cette association de défense professionnelle ont des locaux et secrétariats communs. On y retrouve également parfois les mêmes personnes. ProQkine a le tort de s’être développé à partir d’une seule association alors qu’elle devrait être ouverte à toute la profession.

Mais plus grave, ProQkine a dépensé 4 millions d’euros (du budget administratif de l’Inami) quasiment réservés exclusivement à l’intendance et aux organisateurs du projet. Depuis donc 2008, seuls 100 kinés francophones sur les 13.000 recensés ont pu bénéficier d’un incitant financier à la formation. C’est un échec cuisant ! Dès lors, il ne faut pas s’étonner que les subsides aient été supprimés !
De plus, la confiance avec le prestataire de terrain a été définitivement rompue.


En France, les collègues sont organisés avec un Ordre, qui, par définition, est tout à fait indépendant. Cet Ordre fait le tri entre les bonnes et mauvaises pratiques. Il travaille en étroite collaboration avec la Haute Autorité de la Santé.

Par contre, dans notre pays, différents lobbys nous étouffent, que ce soit certaines mutuelles, certains politiques en passant par certaines grosses institutions de soins. Ceux-ci nous empêchent de nous développer sainement. Trop de personnes extérieures à la profession se rétrocèdent une partie du salaire des kinésithérapeutes, alors que celui-ci est déjà très bas. Pour exemple : il n’a pas été indexé depuis 2014 !

En tant qu’organisation de défense professionnelle, l’Union des Kinésithérapeutes de Belgique (UKB), collabore avec la Société d’Etudes et de Réflexion en Kinésithérapie (SERK) pour la délivrance de formations étiquetées du label « chèque-formation ». Ce qui est un gage de qualité pour le patient (voir www.webkine.be, rubrique formations)

ProQkine refuse de reconnaître ces formations scientifiques de qualité et pourtant contrôlées par la Région Wallonne !

D’autres lobbys puissants, comme certaines universités (trop présentes dans ProQkine), défendent unilatéralement leurs formations plutôt que de collaborer avec tous les représentants de la profession. Les universités sont éloignées de la réalité du terrain qu’ils ne connaissent pas très bien. 99% des enseignants n’ont aucune pratique et certains n’ont jamais pratiqué la kinésithérapie. Les enjeux de la première ligne ne font également pas partie de leur préoccupation et la vision hospitalo-centriste est érigée en modèle à suivre.

La formation continue d’une majorité de prestataires conduit naturellement à une bonne qualité de soins pour le patient.
Les kinésithérapeutes que l’Union des Kinésithérapeutes de Belgique (UKB) représente, prestent  majoritairement les soins de 1ère ligne en cabinet ou au domicile. La demande de soins de 1ère ligne ne fera que s’agrandir avec le vieillissement de la population et la fermeture des hôpitaux. ProQkine ne répondait pas du tout à cette demande.

La Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Maggie De Block, a modifié la loi pour défavoriser notre association lors des élections Inami. Voici en plus un problème communautaire qui s’abat sur notre profession.

Dès maintenant, la Ministre entame une réforme de l’Arrêté royal 78 sans inviter notre association ! Dès à présent, l’UKB espère malgré tout que la Ministre va travailler pour l’intérêt général du pays.

L’Etat a déjà désinvesti dans la recherche mais l’UKB a l’espoir que la Ministre ne va pas utiliser l’argument du « Tout » scientifique pour encore sabrer dans notre budget et ceci avec la complicité de ProQkine.

Pour le Conseil d’Administration de l’UKB

Le Président,
Didier LEVA