Test d'aptitude pour les étudiants universitaires

Le test serait obligatoire et pourrait être introduit dès l'année académique 2013-14

Tout qui entame des études devra passer un test indicatif, prévoit un projet de décret.
Objectif : non pas exclure celui qui le rate, mais pointer les faiblesses et y remédier.

D’importantes réformes de l’enseignement supérieur sont actuellement en cours de préparation dans les coulisses des universités et du cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt (PS). Plusieurs avant-projets de décret sont à l’étude, dont l’un concerne l’entrée à l’université. Un vent printanier l’a porté jusqu’à "La Libre". Intitulé "Avant-projet de décret réorganisant les études du secteur de la santé", il prévoit notamment l’instauration, à partir de la rentrée 2012, d’un test d’entrée en médecine, obligatoire et potentiellement contraignant (lire ci-dessous).

Mais le texte, qui en est toujours au stade de l’élaboration - en étroite concertation avec les universités - et est donc susceptible d’encore évoluer avant d’atterrir sur la table du gouvernement, comporte également un article consacré à l’"aide à la réussite", dont la portée dépasse largement le secteur des études médicales. Il y est, en effet, question de l’introduction (peut-être à partir de l’année académique 2013-2014, mais rien n’est encore décidé à ce stade) d’un "test d’aptitude" pour tous les étudiants entamant des études universitaires.

Le texte précise : "Chaque année, avant fin septembre, les universités organisent un test d’aptitude destiné aux étudiants inscrits en première année de premier cycle, ayant pour but d’évaluer leurs compétences spécifiques par rapport à celles requises pour les études choisies et leur indiquer les activités d’aide à la réussite permettant de combler rapidement leurs lacunes éventuelles." La participation à ce test est obligatoire et constitue une condition à l’admission aux épreuves de l’année d’études. Mais son évaluation ne peut intervenir en fin d’année dans l’appréciation du jury, ajoute l’avant-projet.

Pour les concepteurs du décret, il s’agit donc d’améliorer l’efficacité des activités d’accompagnement offertes par les universités pour aider les nouveaux étudiants à combler leurs éventuelles lacunes, en identifiant rapidement (dès le début de l’année académique) les étudiants en difficulté potentielle. A noter que ce test ne sera pas organisé dans les filières où un examen d’entrée sera obligatoire, comme les études d’ingénieur civil et, peut-être, de médecine.

Un tel "test d’évaluation informatif" existe déjà sous diverses formes dans plusieurs institutions. Il s’agit donc ici de généraliser une telle épreuve, sans en imposer de forme particulière, mais de s’assurer que tous les étudiants disposeront de cette information de nature à favoriser leur réussite finale.

Aux Facultés de Namur (FUNDP), cela fait de nombreuses années que l’on a mis en place une telle procédure, sous l’appellation "Passeports pour le bac", destinée à voir dans quelle mesure les néoétudiants maîtrisent les prérequis identifiés pour chaque filière. Le Pr Marc Romainville, un des instigateurs des "Passeports", confiait à "La Libre", en 2009, qu’ils permettaient au minimum de rendre l’étudiant "conscient de ses faiblesses" . "C’est ce que j’appelle une information minimale au consommateur , disait-il. L’étudiant a le droit de savoir quel est son niveau par rapport aux autres." Et de citer l’exemple du "Passeport" en mathématiques, qui identifie neuf compétences prérequises et permet, par exemple, à l’étudiant de constater qu’il n’a des lacunes que dans deux de ces compétences et de surmonter, en quelques heures, ces difficultés.

En instaurant ce test d’information, le ministre Marcourt suit l’avis de nombreux responsables universitaires. L’ex-recteur namurois, sortant de charge l’été dernier et constatant que plus d’un étudiant sur deux loupe sa première année, avait également plaidé pour "un test obligatoire" , qui "aiderait les jeunes à éviter des accidents qui constituent un problème pour les finances publiques et sur le plan humain". "Cela aiderait à choisir en connaissance de cause" , argumentait-il. Mais le Père Scheuer imaginait plutôt ce test directement "à la fin de la rhéto, fin juin" . Une formule sans doute plus difficile à organiser.

Le test obligatoire n’a cependant pas que des partisans. Loin de là. Certains, rappelant que notre enseignement obligatoire est terriblement inégalitaire, craignent, en effet, que la première conséquence du test soit de décourager immédiatement une partie des étudiants - et probablement davantage ceux issus de milieux socio-économiques modestes - d’entamer des études, alors qu’ils pourraient, avec le temps, résorber leur retard et combler leurs lacunes. Ceux-là déplorent que Jean-Claude Marcourt élabore sa politique en suivant de trop près les positions des recteurs et autres responsables universitaires, et pas assez celles des premiers concernés, les étudiants.

Source: La Libre Belgique - www.lalibre.be - Mise en ligne 15/04/2011 - Laurent Gérard