Vision de l'UKB

concernant la formation de base du kinésithérapeute et de son rôle dans les soins de santé (première et deuxième ligne)

1. Le kinésithérapeute est l’expert de la fonction et de la mobilité dans son environnement habituel qui n’est pas nécessairement salutogène. Il intègre tous les rôles du kinésithérapeute pour agir comme chef de file de la promotion, de l’amélioration et du maintien de la mobilité, de la santé et du bien-être des citoyens (1) dans leur environnement personnel, privé et professionnel. Il intervient en prévention primaire, secondaire et tertiaire. Il participe activement dans le cadre de l’adaptation, de la réadaptation et de l’éducation mais également de manière proactive (prohabilitation).
Il vise à l’empowerment et à l’autonomie du patient (2) en utilisant notamment les nouveaux outils technologiques comme l’e-health et le m-health (3).

2. La formation de base des Kinésithérapeutes doit correspondre aux recommandations internationales et notamment celles de la WCPT qui exigent une durée minimale de 4 années et la maîtrise de plusieurs sous domaines (thérapie manuelle, gériatrie, pédiatrie, neurologie, cardio-respiratoire, …) de la kinésithérapie (4). De ce fait, il a une vision globale et intégrative de la santé. L’évolution actuelle en Belgique de l’enseignement et notamment des Qualifications Professionnelles Particulières (QPP) posent un certain nombre de questions, cf Annexe de Guy Postiaux (5).

3. L’hospitalo-centrisme est révolu (6). Le développement actuel d’initiatives visant à donner plus de place à la première ligne (7), doit s’accompagner d’une intégration sérieuse et significative du kinésithérapeute (8) afin qu’il puisse jouer son rôle efficacement dans des prises en charge complexes comme celle du maintien à domicile. Celui-ci permettra l’accès à l’exercice physique adapté en toute sécurité et en qualité (9). Le kinésithérapeute omnipraticien doit avoir accès à toutes les pathologies où son intervention est requise.

4. Actuellement en Belgique, la kinésithérapie a une approche de la santé orientée essentiellement par une vision des sous-domaines (les spécialités). Or, les maladies chroniques représentent de plus en plus un facteur de préoccupation majeur pour les autorités (10). Le coût qui y est consacré devient de plus en plus intenable pour le budget des soins de santé. Les comorbidités importantes qui accompagnent ces affections (11) imposent une maîtrise de plusieurs compétences dans les différents sous-domaines de la kinésithérapie. L’UKB souhaite l’implication du kinésithérapeute comme acteur important dans les missions de santé publique visant à restreindre le développement important des maladies chroniques (12, 13, 14).

5. L’UKB ne place pas l’accès direct à la kinésithérapie dans ses priorités car elle souhaite pousser très loin l’interdisciplinarité notamment en gardant le médecin généraliste au centre de l’échiquier. Néanmoins, les connaissances de celui-ci au sujet des compétences du kinésithérapeute doivent faire l’objet d’une amélioration sérieuse lors de sa formation dans l’intérêt même des patients dont il est le référent.

6. L’acquisition de compétences dans différents domaines de la kinésithérapie est encouragée par l’UKB. Ceci ne doit pas être confondu avec la logique des «spécialisations» (QPP) à outrance qui visent à cloisonner la profession (5). Et donc, à installer des monopoles en créant des mécanismes de limitation d’accès à certains domaines de pratique professionnelle. Exemple : Un patient en première ligne présentant plusieurs comorbidités : fracture du fémur, broncho-pneumopathie chronique et obstructive (BPCO), lombalgie chronique doit pouvoir être pris en charge avec succès par un seul kinésithérapeute. Le rôle des QPP est de tirer la profession entière vers le haut afin de renforcer également l’expertise du kinésithérapeute en général et donc de l’omnipraticien. La logique de cloisonnement actuelle de la profession s’accompagnera irrémédiablement d’une limitation de l’accès aux soins (comme on peut le constater avec les listes d’attente en médecine spécialisée), ce que l’UKB rejette fermement ;

Le Conseil d’Administration de l’UKB

Références :

(1) https://oppq.qc.ca/grand-public/definitions-et-presentation/ ;
(2) http://www.apta.org/uploadedFiles/APTAorg/About_Us/Policies/Health_Social_Environment/PrimaryCare.pdf ;
(3) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5121532/ ;
(4) REF. : http://www.wcpt.org/sites/wcpt.org/files/files/resources/policies/Guideline_PTEducation_complete_FR.pdf ;
(5) Annexe de Guy Postiaux : les Qualifications professionnelles particulières en kinésithérapie (QPP) et le risque de la «sous-qualification» ;
(6) http://www.riziv.fgov.be/fr/professionnels/etablissements-services/hopitaux/financement/Pages/default.aspx#.WlIivSPhC1s ;
(7) https://pro.guidesocial.be/actus/actualites/la-wallonie-reorganise-lessoins-de-premiere-ligne.html ;
(8) http://www.wcpt.org/policy/ps-primary-health-care ; 
(9) http://www.apta.org/uploadedFiles/APTAorg/About_Us/Policies/Practic/PTRoleAdvocacy.pdf ;
(10) https://kce.fgov.be/sites/default/files/atoms/files/KCE_190B_organisation_soin_malades_chroniques_Position%20Paper_0_0.pdf ;
(11) Fortin M, Bravo G, Hudon C, Vanasse A, Lapointe. Prevalence of multimorbidity among adults seen in family practice. Ann FamMed2005;3(3):223-8 ;
(12) http://www.apta.org/NEXT/News/2016/6/6/ChronicDisease ;
(13) https://www.health.belgium.be/fr/sante/organisation-des-soinsde-sante/reseaux-de-soins/maladies-chroniques/soins-integres-enfaveur#ProjetsPilotes ;
(14) https://fr.scribd.com/document/270034913/Physiotherapy-Diabetes.